03 novembre 2012
La maritimisation, un enjeu pour l’économie française.
En qualité d’officier de Réserve de la Marine nationale, j’ai suivi la semaine dernière une formation dispensée à l’Ecole navale implantée à Brest. Durant cette semaine, j’ai été amené à visiter des bâtiments (de surface et sous-marin) de la Royale et à échanger avec ces hommes & femmes servant à leurs bords. Outre la mission classique qu’est celle de la Marine, les bâtiments de la Marine nationale ont aussi une autre mission, essentielle pour notre pays : la maritimisation.
La maritimisation, processus économique conduisant les littoraux d’un pays à prendre une part de plus en plus importante dans l’économie d’un pays est essentielle pour la France.
Avec ses 5 500 kilomètres de côtes métropolitaines auquel il convient d’ajouter les 720 kilomètres des trois départements d’Amérique (Guadeloupe, Guyane & Martinique) et les 460 kilomètres pour le département de la Réunion, notre nation a un rôle à jouer. Ainsi, la France possède le deuxième domaine maritime du monde, avec 11 millions de km².
La maritimisation, un enjeu mondial.
Le politique l’a d’ailleurs bien compris. Déjà en 1969, le général de Gaulle affirmait « L'activité des hommes se tournera de plus en plus vers la recherche de l'exploitation de la mer. Et, naturellement, les ambitions des Etats chercheront à la dominer pour en contrôler les ressources... ». Cette affirmation est d’autant plus vraie que les mers & océans sont aujourd’hui le théâtre de lutte contre la piraterie maritime, la pollution et les trafics en tout genre.
Cet été, le Sénat à publié un rapport intitulé « La maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans », rapport co-présidé par les sénateurs Lorgeoux (PS) & Trillard (UMP). Ce rapport est conforté par la déclaration de Jean-Louis Borloo (UDI) le 30 octobre dernier lorsque ce dernier affirme que « La mer et les océans sont les richesses du XXIème siècle ».
De plus, les gisements pétroliers découverts au large de la Guyane pourraient produire environ 200.000 barils/jour à partir de 2019. La présence de “Terres Rares”, un ensemble de métaux largement utilisés dans l’électronique et sur lesquels la Chine garde un quasi-monopole, a été détectée à Wallis et Futuna. Et bien évidemment, qui dit matières premières dit convoitises et possibilité de différends territoriaux...
Les EMR au cœur de la maritimisation.
Le dernier numéro du 25 octobre 2012 de Brèves Marine, document publié par le CESM (Centre d’Etudes Supérieur de la Marine) traite de la maritimisation via les EMR.
Les EMR (Energies Maritimes Renouvelables) représentent un fort potentiel économique pour le pays, tant par les technologies existantes (éoliennes flottantes & hydroliennes) que par les technologies en développement (énergie thermique des mers, énergie marémotrice et énergie osmotique). Plusieurs projets sont en cours entre mêlant entreprises privées, universités et collectivités.
La maritimisation passe par un renforcement des moyens de la Marine nationale.
Cependant, les restrictions budgétaires appliquées aux forces armées afin de réaliser des économies pour tenter de réduire la dette publique ne favorisent pas à la maritimisation.
Or, la maritimisation de notre économie passe par un renforcement des moyens de la Marine nationale. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas : réduction de près de 11% des effectifs, réduction du nombre d’unités commandées dans le cadre des FREMM (FREgates MultiMissions), éléments essentiels dans le processus de maritimisation.
Pourtant ces investissement s’avèrent être primordiaux : sans renouvellement, le vieillissement de la flotte conduira dans les prochaines années à des impasses capacitaires majeures. Entre 75 et 100% des équipements doivent être modernisés ou remplacés dans les 10 prochaines années.
Une prise de conscience s’impose, le contexte stratégique naval a changé.
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30 septembre 2012
CNAPS : quid des donneurs d’ordres ?
Le 19 septembre dernier s’est tenue devant le siège du CNAPS une manifestation rassemblant une petite centaine d’agents de sécurité, manifestation organisée avec l’appui de syndicats.
Il est tout d’abord à préciser que, bien que ce nombre de personnes ne soit pas de la même ampleur que ceux des manifestations relayées par les médias, rassembler une des agents de sécurité en un lieu et à une heure fixe n’est pas chose aisée.
A l’issue de cette rencontre entre les syndicats et le CNAPS, plusieurs leaders syndicaux ont fait une déclaration relatant l’entretien (particularités de l’agent de sécurité cynophile, suppression de certains coefficients de la grille des métiers repères, SSIAP & CQP, représentation des salariés au sein du CNAPS).
Ils ont à ce sujet rappelés que le CNAPS était bien conscient que les mauvaises conditions de travail des agents, relatées par les syndicats, étaient notamment dues aux petites entreprises qui ne joueraient pas le jeu (travail dissimulé, non respect de la convention collective…) et que ces comportements provoquent une pression sur les prix aux niveaux des clients.
Le CQP pour tous.
Je souhaiterai ici m’exprimer sur la non-obligation de posséder le CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) pour les SSIAP (Service de secours d’Incendie & d’Assistance à Personnes). Cette non-obligation est à mon sens ridicule.
Pour expliquer à un néophyte ne maîtrisant pas le secteur, on pourrait résumer ainsi la situation : la sécurité est composée de deux métiers.
D’un côté la sécurité version surveillance/sûreté composée d’agents de sécurité que l’on peut retrouver dans les hypermarchés ou dans les grandes surfaces spécialisées. Etant visibles des visiteurs, leurs missions sont, je ne veux pas généraliser, des missions de dissuasions.
De l’autre, on retrouve la prévention incendie ou SSIAP composée d’agents vêtus généralement d’un polo rouge avec liseré bleu, rangers et pantalon type treillis bleu marine et dont les missions s’articulent, comme l’indique son nom, autour de la prévention incendie ainsi qu’au secours à personnes.
Les missions étant différentes, les formations le sont également. Les agents de sécurité doivent obligatoirement obtenir le CQP, document s’obtenant après quelques démarches administratives (casier judiciaire…) et une formation théorique. A l’opposé, les agents SSIAP doivent passer un examen spécifique… mais sans avoir l’obligation d’obtenir le CQP !
On voit donc l’idiotie de cette décision : un agent SSIAP qui aurait commis des actes incendiaires pourrait se voir être diplômé SSIAP… Pourquoi donc ne pas demander à ce qu’un agent postulant SSIAP demande un CQP ? Cela serait bien plus juste vis-à-vis des agents de sécurité.
Et les donneurs d’ordres ?
Les syndicats ont également demandés auprès des instances du CNAPS que les salariés soient représentés au sein du conseil. Cette demande, bien que légitime, me parait difficile à mettre en œuvre : cette représentation devrait elle être réalisée par les syndicats ? Quid des agents non syndiqués ?
Les syndicats ont tendance à s’exprimer sur le fait que les entreprises de sécurité réaliseraient d’énormes profits. Cela n’est pas vrai pour toutes (cf. cas Néo Security) mais effectivement peut-être pour les entreprises ne respectant pas les règles…
Cependant, ce qui peut surprendre, c’est qu’en aucun cas, les donneurs d’ordres, à savoir les acheteurs des prestations, ne sont mis dans la boucle. Or ce sont eux, qui certes via ces entreprises peu scrupuleuses des respects & lois du secteur, tirent (sans le savoir ?) les prix vers le bas et donc les conditions des salariés.
Toutes les entreprises de sécurité ne sont assoiffées par les profits, mais sont également victimes d’une baisse des prix lancée par des entreprises peu regardantes des lois. C’est à mon avis vers les donneurs d’ordres qu’il faut se tourner afin de les sensibiliser. Ce type d’action ne peut bien sur que peut être réalisable en accord avec les associations patronales du secteur. C’est par ces actions qu’ensemble nous élèverons le statut d’agent de sécurité, tant présent dans notre vie quotidienne.
10:36 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sécurité privée, cnaps, cqp, ssiap, agent de sécurité; syndicats | | Facebook
08 septembre 2012
CNAPS : le tour de passe-passe de l’Etat.
Cet été, après près de six mois d’existence, on apprenait que les recettes actuelles issues de la taxe CNAPS (Conseil National des Activités Privées de Sécurité) étaient conformes aux prévisions annuelles. Rappelons que le financement du CNAPS est prévu par l'article 19 de la loi de finances rectificative 2011.
Cependant, à y regarder de plus près, le CNAPS, né en septembre 2010 d'un amendement gouvernemental dans le cadre du projet de loi LOPPSI 2 peut s’apparenter à un tour de passe-passe de la part de l’Etat.
Rappelons tout d’abord en quelques lignes, quels en sont les missions. Le CNAPS est chargé du contrôle des personnes morales (entreprises) et physiques (salariés) de sécurité privée et de délivrer, pour le compte de l’État, des autorisations d'exercice dans le secteur de la sécurité privée : agents de recherches privées, gardiennage, surveillance électronique à distance, services internes de sécurité des entreprises, protection physique des personnes, transport de fonds, sûreté aéroportuaire et sécurité cynophile.
Dès lors, il est tout à fait normal de se poser la question suivante : qui donc délivrait auparavant les autorisations d'exercice ? La réponse est simple puisqu’il s’agissait des représentants de l’Etat dans les départements, les préfectures.
Ces dernières ont délivré à tour de bras sans effectuer de réelles vérifications quant aux personnes réceptionneuses. Le résultat est celui que nous connaissons aujourd’hui : une atomisation du marché avec près de 7 000 entreprises dont moins de la moitié est rentable. L’Etat y a gagné, via la TVA perçue sur les prestations, le marché s’étant développé rapidement, puisqu’il emploie aujourd’hui près de 160 000 personnes.
Cependant, les différentes mésaventures rencontrées par certains acteurs du secteur, et notamment la dernière en date avec Néo Sécurité, l’ex numéro 2 du secteur, ont poussé l’Etat à agir avec la mise en place du CNAPS & de sa taxe, taxe payée par les entreprises utilisatrices de prestations de sécurité.
Aujourd’hui, même si l’on peut être en accord avec la mise en place du CNAPS, et si les sommes perçues par l’Etat via la taxe CNAPS ne sont pas des plus élevées, ce qui peut agacer, c’est que c’est celui par qui tout est arrivé qui gagne…
22:29 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sécurité privée, état, économie, cnaps | | Facebook