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20 août 2019

EmbrunMan 2019 : affronter le mythe.

Jeudi 15 août 2019 – 2h43. Le réveil est prévu pour 3h00. J'ai encore 17 minutes de sommeil. Je n'arrive pas à me rendormir, du coup pour passer ces 17 minutes, je refais la course dans ma tête : le retour de l'épreuve de natation, comment je m'habille pour le vélo, qu'est-ce que j'emporte comme nourriture, le retour du vélo, comment je m'habille pour la course à pied, qu'est-ce que j'emporte comme nourriture.

On l'a répété plusieurs fois la veille avec Emilie. Dans les deux sens : natation, vélo, course à pied puis course à pied, vélo, natation avec des questions pièges : "Tu prends quoi comme nourriture pour l'Izoard ? Comment tu t'habilles s'il fait froid en haut de l'Izoard ? "

 

Je repense également aux nombreux messages de soutien, de conseils et d'encouragements reçus via les réseaux sociaux dans les jours précédant l'épreuve : Médéric du Team Dare2Tri rencontré lors du Triathlon de Deauville, Cyril Blanchard recordman de l'EnduronMan avec qui j'ai échangé par messages sur cette épreuve mythique.

 

Enfin, le réveil sonne, il est 3h00. On y est. C'est le grand jour. Nous avons prévu d'être au plan d'eau pour 5h00, ce n'est qu'à une quinzaine de minutes de là où nous logeons. Nous allons y aller avec Dominique, triathlète qui dort dans le même gîte que nous. Douche, enfilage de la tenue, petit-déjeuner. Rituel similaire à un marathon, le stress commence à monter gentiment.

 

La natation

5h00 – Arrivé sur site, je retrouve mon vélo au niveau du plan d'eau déposé la veille et j'y installe l'ensemble de mes affaires. J'installe puis je désinstalle ; je modifie l'emplacement de la paire de chaussures de vélo par rapport à la paire de chaussures de course, l'emplacement de la nourriture pour le vélo par rapport au matériel anti-crevaison pour le vélo... J'ai besoin de faire cette petite gymnastique afin de connaître avec exactitude l'emplacement de chaque chose dont j'aurai besoin.

 

5h20 – Il est temps d'enfiler ma combinaison en néoprène et d'aller faire un petit plongeon dans la zone d'échauffement. C'est pour moi obligatoire avant un triathlon que d'aller faire trempette avant le grand bain, ça me permet de mieux appréhender l'épreuve à venir, surtout qu'il fait nuit noire et que seuls quelques projecteurs permettent de voir où se trouve l'eau.

L'eau est bonne, elle est annoncée à 22 degrés. Aucun problème pour y sauter dedans ! Quelques mouvements de bras et quelques brasses me rassurent. Je prends même le temps de faire la planche et d'admirer les étoiles et la lune qui brillent. Je suis serein. L'épreuve que je considérais il y a quelques années comme la plus compliquée d'un triathlon distance IM ne me fait plus peur.

 

5h40 – Fermeture de la zone d'échauffement. Il est temps de se diriger vers la zone de départ où sera donné le coup d'envoi de cette journée à 6h00. Un dernier bisou à Emilie qui me chuchote dans l'oreille "Ne joues pas à Alaphilippe dans la descente de l'Izoard, sois prudent, fais attention !"

Une petite attente commence, je suis au milieu d'un peloton de près de 1 200 participants, tous similaires : une combinaison de néoprène noire et un bonnet blanc sur la tête.

Je ne sais pas si je suis positionné en début ou fin de peloton. J'entends quelques bribes de conversations "Tu vises combien ?" faisant référence au chrono pour couvrir les 3 800m de nage.

 

5h50 – Les filles partent, ce sera notre tour dans 10 minutes. Je ne cherche pas à me replacer, je reste où je suis.  On verra bien. Je repense aux délais : 8h10 à la sortie de l'eau.

 

6h00 – C'est le départ ! C'est une foule de 1 200 personnes, motivées comme jamais, qui se jette d'un coup dans une eau noire. C'est parti, je tente de nager mais c'est très compliqué ; ça se nage dessus entre ceux qui veulent marcher le plus loin possible et ceux qui commencent à nager dès le moindre orteil dans l'eau.

 

Je tente de me faire une place et d'avancer mais le rythme n'est pas fluide. Trop de monde partout, je ne vois rien !

Du coup je décide de me mettre le plus à l'extérieur possible du peloton quitte à nager un peu plus mais au moins je serai à l'aise. C'est ce que je fais et ça fonctionne. Je prends mon rythme et j'avance. Je compte dans ma tête les rythmes de bras 1, 2, je respire, 1, 2, je respire. Rien ne vient perturber ce tempo. Tous les 500m je sens ma montre qui vibre ce qui me permet de savoir à peu près la distance parcourue.

 

En nageant, je repense aux nombreuses séances de natation réalisées (près de 105Km de mai à juillet) à la piscine Didot du XIVème arrondissement de Paris, à la ligne d'eau numéro 2, celle réservée aux Nageurs rapides et au nombre de fois où je me suis retrouvé dans cette fameuse ligne d'eau avec des personnes âgées qui nageaient en crabe !

 

Je sens la 6ème vibration de ma montre. Je viens de faire 3 000m, il me reste 800m. J'essaie de regarder le chrono, je vois que je viens juste de passer l'heure de course. Au poil, on est dans les temps pour finir la natation en 1:20.

J'attends avec impatience la 7ème vibration qui m'indiquera 3 500m parcourus. Elle est longue à venir. Puis les 300 derniers mètres seront encore plus longs. Et pour cause : en ayant choisi de nager à l'extérieur, j'ai parcouru plus de mètres : 4 100m. 300m de plus ! Ce n'est pas grave. Je sors de l'eau en 1:23:58. Il est temps de se diriger vers le parc à vélo. Je pointe à la 785ème place.

 

Le vélo

Arrivé à mon emplacement, je me remémore les actions que je dois faire, répétées maintes et maintes fois avec Emilie : enlever la combinaison, s'essuyer les pieds, mettre tes chaussures de vélo dans lesquelles les chaussettes sont prêtes à être enfiler, mettre le casque sur lequel sont positionnées les lunettes, mettre la ceinture porte-dossard, mettre les manchettes et les gants, prendre le Ziploc avec la nourriture et le positionner dans la poche droite, prendre la mini-pompe et le Ziploc contenant les démonte-pneu et la chambre à air pour les positionner dans la poche du milieu . Je garde la poche gauche vide pour y mettre les manchettes dès que je souhaiterai les enlever et les déchets.

Je repense aux délais : 13h15 en haut de l'Izoard.

 

Je m'essuie plusieurs fois le corps avec la serviette qui m'a servie pour m'essuyer les pieds. J'ai du mal à me réchauffer et mes mouvements sont saccadés. Je claque des dents. Je prends une barre supplémentaire pour la manger de suite avant d'attaquer la partie vélo. Je passe devant mes parents et Emilie qui m'encouragent. Je les entends qui crient "Allez Jérôme, tu es le meilleur !" Je n'ai pas peur de la partie vélo. Ce que je redoute le plus est l'incident mécanique, la crevaison ou pire la chaîne qui casse. J'essaie de ne pas trop y penser et de ne pas m'encombrer l'esprit avec ça.

 

J'enfourche ma monture à la sortie du parc à vélo comme le veut la règle. Dès les premiers coups de pédales, je ressens une douleur au-dessus de la fesse droite. Je n'ai reçu aucun coup. J'imagine donc que j'ai dû faire un faux mouvement en enlevant ma combinaison de natation. Je reste pendant quelques minutes focalisé sur cette douleur : si cette douleur est apparue lorsque tu as fait un faux mouvement, il n'y a pas de raison qu'elle reste bien longtemps. Ça va passer. Je dois me concentrer sur mon coup de pédale. Je pense à Emilie que je dois voir à proximité du Km44, je lui ai dit qu'il me faudrait entre 1:00 et 1:30 pour effectuer la distance.

 

Le parcours est, dès le départ, accidenté avec des petites bosses. C'est compliqué. Je vois le temps qui défile et le nombre de kilomètres qui n'augmente pas trop : 19Km en 1:00 ! A ce rythme-là, la journée risque d'être compliquée !

 

La deuxième heure de course est bien meilleure, à plus de 30Km/h de moyenne, et j'arrive au niveau du Km44 en 1:35 : j'aperçois Emilie au loin, portant la casquette et la jaquette du team Dare2Tri ainsi que mes parents sur le côté droit de la route. Un petit signe de la main pour leur dire que tout et OK et je me reconcentre. Fin de la deuxième heure de course : 52Km parcourus.

 

La troisième heure de course est à l'image de la deuxième : je rattrape du temps et ma moyenne ne cesse d'augmenter. Je me sens bien mais je sais que le plus dur est à venir. Alors, je ne m'affole pas et je ne pense qu'à une seule chose : mouliner. Je me souviens d'un message reçu quelques jours avant l'épreuve : "Ne tires pas un grand braquet, moulines !!!" Fin de la troisième heure de course : 78Km parcourus.

 

La quatrième heure de course est le début des hostilités : j'entame la vingtaine de kilomètres qui me mèneront en haut du col de l'Izoard. Le rythme n'est évidemment plus le même mais je m'accroche. Je pense à boire et à m'alimenter régulièrement : je varie, alternant avec une gomme à mâcher ou avec un morceau de barre chocolatée. Ça change des terrains d'entrainement : côte de la Vacheresse, côte de l'Homme mort ou autre côte de Villiers !

Malgré la difficulté du parcours, je continue à dépasser des concurrents mais je n'ai aucune information quant à ma position sur la course. A chaque virage, je lis les inscriptions qui datent du 25 juillet dernier lors du passage du Tour : je lis Bardet, Alaphilippe, Barguil... Le compteur affiche une vitesse de 8 ou 9Km/h, je suis tout à gauche sur le 34x30. C'est dur, le coup de pédale n'est plus le même. Je tâche de penser à autre chose et me mets dans la peau de ces coureurs du Tour de France. Debout sur les pédales en danseuse, les mains sur les cocottes, j'avance, moins d'un kilomètre du sommet ! Pour nous encourager, des supporters sur le bas-côté nous crient "Plus que 2 virages et c'est le sommet !"

Quelques coups de pédales et j'arrive enfin en haut du col de l'Izoard. Je ne m'attarde pas trop, je récupère mon ravitaillement personnel composé de 2 petits sandwichs poulet/emmental au pain viennois (plus facile à digérer), d'une barre chocolatée, d'un gel aux fruits rouges et d'une compote de pommes et d'un bidon de ma préparation personnelle (du thé avec jus de citron et du miel). Il est environ 12h05, j'ai 1h10 d'avance sur la barrière horaire, une moyenne de l'ordre de 23Km/h et je pointe en 549ème position. J'ai réalisé la montée du col de l'Izoard en 1:17:12. J'attaque la descente du col de l'Izoard.

 

La suite se résume en une longue descente vers Briançon (23 kilomètres de descente). Je repense à ce que m'a dit Emilie avant la natation : "Ne joues pas à Alaphilippe dans la descente de l'Izoard, sois prudent, fais attention !" mais il faut quand même avancer, alors sans prendre de risque, j'accélère dans la descente, courbé sur le cadre les mains en bas du guidon, essayant de prendre les virages du mieux possible. Pour cela je m'aide des motos qui me dépassent me servant de leurs feux arrière comme repères. Je pousse le vélo jusqu'à 70Km/h.

 

J'arrive dans la côte de Pallon. Celle-ci, après 144Km de vélo et près de 7h30 de selle fait mal aux jambes. Elle est de l'ordre de 1 500m ce qui n'est pas très long (en comparaison avec la montée de l'Izoard), mais j'ai du mal à savoir comment la monter : assis sur la selle ou en danseuse. Dès que je me mets en danseuse des douleurs me parviennent au niveau des fesses, alors je reste scotché sur la selle, les mains agrippées en haut du cintre en serrant les dents. J'observe le compteur en regardant défiler (lentement) les mètres parcourus.

 

J'échange quelques mots avec un concurrents : "Après Pallon, ça redescend puis il y a encore la côte de Chalvet qui fait environ 5 kilomètres aux alentours du Km170/175 et ensuite ça redescend jusqu'à l'arrivée ; et je peux te dire que Chalvet elle n’est pas évidente, je l'ai faite hier en voiture !"

Moi qui pensais que cette difficulté était la dernière... Je gère la fin de la côte de Pallon et commence à estimer le temps que je vais mettre pour la partie vélo.

Je fais mes calculs : environ 1h30 de natation plus environ 8h00 de vélo, je commencerai la course à pied après 9h30 d'effort. En courant le marathon en 4h00 voire au pire en 4h30, je serai en 14h00 à l'arrivée. Plus nous nous rapprochons de l'arrivée, plus j'ai confiance en moi. Hors souci mécanique d'ici la fin de la partie vélo, je sais que je viendrai à bout de l'EmbrunMan.

 

J'arrive dans la côte de de Chalvet. C'est la dernière difficulté du jour. Je me motive intérieurement : "Allez on donne tout ! Pense à Lionel (coureur du CTVS), moulines, moulines, moulines !" J'arrive au sommet de la bosse, en danseuse, les mains sur les cocottes, je passe sur la plaque (grand plateau), je relance, comme appris avec Jérôme V. lors des sorties avec le CTVS ! La fin du parcours est favorable. La vitesse augmente, on est aux alentours de 40Km/h dans les rues d'Embrun. Rapide coup d'œil sur le compteur : je me dis "Putain je peux faire moins de 8h00 sur la partie vélo !"

On arrive bientôt, je reconnais l'endroit. Au loin j'aperçois Emilie casquette du Team Dare2Tri vissée sur la tête qui m'encourage. Large virage à gauche, petite ligne droite puis virage à droite, j'arrive au niveau du tapis de couleur bleu signalant l'arrivée dans l'aire de transition. Je pose pied à terre : je termine le vélo en 7:57:08 et pointe à la 492ème place.

 

A ce moment-là de la course, je sais que je vais finir l'EmbrunMan 2019.

 

La course à pied

La troisième et dernière épreuve du triathlon est souvent la plus redoutée des triathlètes. Pour moi c'est l'inverse. Habitué des longues distances, je sais que c'est maintenant qu'il va falloir produire mon effort. Je repense à cette définition du triathlon : "Tu commences fort, tu accélères et tu finis en sprint."

 

Le parcours du marathon est composé de 3 boucles de 14Km avec une belle bosse qui se situe en début de boucle (après 2-3 kilomètres). Je n'ai pas peur de l'épreuve, je sais que je vais voir Emilie et mes parents à plusieurs reprises sur le parcours.

 

Je commence le marathon aux alentours de 15h30, il fait chaud mais c'est supportable ; pour la première fois, j'ai décidé de porter une casquette sur l'épreuve, de peur d'attraper une insolation. Je repense à ce que m'avait dit Olivier G. du XVème Athletic Club lorsqu'il avait couru l'épreuve en 2014 : "J'ai eu le mur du Km30 au Km10."

Il faut que je pense à bien m'alimenter et bien boire tout au long de l'épreuve. Je repense à ce qu'avait dit Emilie : "Si tu as soif c'est que c'est déjà trop tard, et si tu es fatigué, tu marches."

 

Tout se passe à merveille : je rattrape du monde, je continue à courir même dans la bosse alors que beaucoup marchent, je papote avec Emilie lorsque je la croise. Je m'alimente, ralenti aux ravitaillements pour prendre tantôt de la banane, tantôt des abricots secs. Saint-Yorre, Coca-Cola, eau, je m'hydrate en alternant. J'apprécie particulièrement l'eau gazeuse. Tout roule, je suis dans mon élément, rien ne m'arrête !

 

Je termine la première boucle, encore deux, j'observe le chrono, je suis dans une allure comprise entre 5' et 6' au kilomètre soit entre 10 et 12Km/h. C'est impeccable !

Au bout de 21Km, à mi-course, j'observe la montre : je suis en 1:54. Je me laisse à penser qu'à ce rythme je serai en mesure de boucler le marathon en 3:48. Ce temps sur marathon est le RP d'Emilie, je me dis que ce serait un beau clin d'œil.

Je reviens à la réalité. J'ai de l'expérience sur marathon et je sais que tenir ce rythme sur encore 21Km avec la chaleur et la fatigue ne sera pas chose aisée. On verra bien, mais je ferai mois de 4:00 à ce marathon !

 

La deuxième boucle se termine, j'ai déjà parcouru près de 28Km et au bout de quelques kilomètres j'entends des encouragements "Allez Chipo !" et j'aperçois Pierre-Ange et Claire qui sont venus de Marseille pour m'encourager ! Ça me motive encore plus. Quelques centaines de mètres plus loin, je vois Emilie "Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ?" Je lui dis que tout roule et que l'on se voit à l'arrivée. Elle peut préparer les bières !

 

Pendant les prochains kilomètres, je pense à l'arrivée. Est-ce que j'accélère jusqu'au bout ou est-ce que j’arrive tranquille (je ne suis pas à la seconde) et je profite de ce moment ? Je ne sais pas trop. On verra bien le moment venu. Quelques calculs de tête m'indiquent que je finirai aux alentours de 19h30 soit en 13:30, super, c'est pile poil pour l'apéro !

 

Au Km38, petite douleur au pied droit : un gravillon s'est glissé dans ma chaussure ! Cela ne me gêne pas plus que ça et c'est à ce moment-là, connaissant bien les quatre derniers kilomètres (pour y être déjà passé 2 fois) que je décide d'accélérer.

Je repense à la fin au marathon de Paris couru quelques mois auparavant et à la vidéo de DD mon entraîneur : "Allez Jérôme, tu es bien là, tu accélères, c'est bien ! Allez Jérôme, tu es un exemple pour nous tous, merde !" Cette citation est depuis devenue une réplique classique du club. Y penser me motive encore plus.

 

J'accélère. Je ne pense plus au gravillon. J'observe les supporters qui m'encouragent sur le bas-côté en criant : " Allez Jérôme, tu as une belle foulée !" Je sens que la foulée est belle et propre. Plus j'approche de la ligne d'arrivée, plus j'entends le speaker au micro, plus j'accélère.

 

Je continue de dépasser des concurrents. A l'approche du dernier kilomètre, je regarde ma montre, je suis à une vitesse de 4' au kilomètre (15Km/h), je suis bien. Je ferme la fermeture de la tri-fonction, je repositionne la casquette.

 

Virage à gauche, j'aperçois le tapis bleu et l'arche avec le chronomètre. Une dernière accélération, j'entends Emilie sur le côté droit de la route. L'arche d'arrivée est là, j'écarte les bras, le speaker cite mon nom, je suis finisher de l'EmbrunMan 2019 avec un chrono de 13:28:26. Je me classe 246ème sur 1 200 participants au départ. Seuls 909 franchiront la ligne d'arrivée (le délai étant de 17:15 de course pour une arrivée au plus tard à 23h15), soit un taux d'abandon de près de 25%.

 

Mes parents sont dans l'aire d'arrivée, ils me rejoignent. Emilie nous rejoint quelques minutes après en me sautant dans les bras des larmes dans les yeux. Je crois qu'elle est encore plus heureuse que moi !

 

Cette belle aventure s'achève et déjà je rêve de la suivante. Mais d'ici-là, c'est 3 semaines de repos avec reprise de la course à pied le 7 septembre, pour y vivre une saison 2019-2020 toute aussi riche en émotions !

 

 

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Merci à tous ceux qui m'ont supporté dans cette formidable aventure :

- Mon employeur, le Groupe SAMSIC,

- Cryo78.com pour les séances de cryothérapie d'après entrainement,

- Mon club de course à pied, le XVème Atheltic Club avec en premier lieu notre coach & président, j'ai vécu cette année 2019 une année riche en émotions sportives, certainement la plus belle depuis que j'ai commencé à courir,

- Mon club de vélo (avec lequel je ne m'entraîne pas assez !), le CTVS (Cyclotourisme de la Ville de Sceaux) : merci de me permettre de rouler avec vous, de me conseiller, de m'avoir fait découvrir l'anneau de Rungis, de m'attendre en haut des côtes quand j'ai du mal, de me dépanner quand mon pédalier part en cacahuète... 

10:37 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : embrun, embrunman, ironman, sport, triathlo, vélo, course à pied, natation | |  Facebook

29 avril 2018

Marathon de Vienne : chaud chaud !

Lorsque je m’endors la veille d’un marathon, j’ai toujours la même image : celle de quelqu’un qui est en bas d’une montagne qu’il s’apprête à escalader. Nous sommes le samedi 21 avril à Vienne, veille de mon 11ème marathon et j’ai cette image en tête.

Dix semaines d’entraînement, 834Km parcourus

Il a fallu revoir notre stratégie de course. La météo qui s’annonce est grand soleil. Pas le meilleur qui soit pour courir 42,195Km ! Les consignes du coach sont claires : Tu pars sur 3’45’’ au Km pour le premier semi, et ensuite s’il fait trop chaud, tu t’économises en passant en 3’48’’ au Km, ça fait 2h39, et on tient le RP !

Je me suis entraîné sur 2h38. Il n’y a pas de raison que l’allure ne tienne pas. Cette allure, je la connais par cœur : 45’’ au 200m, 1’30’’ au 400… Je la maîtrise à tel point que je suis capable de donner le chrono à chaque Km ! Seul bémol en vue : la météo.

Trucs & astuces

Pour essayer de limiter les effets de la chaleur, Emilie & Théodore sont allés acheter des bouteilles d’eau ainsi qu’une étole : On va la découper en 4 morceaux, on les mouillera et on te les donnera lorsque l’on te verra passer. On te donnera aussi des bouteilles d’eau que l’on aura ouverte auparavant. On sera au Km9, Km20, Km27 et Km35. Et ensuite on se retrouve à l’arrivée.

Emilie & Théodore sont au taquet ! Même si j’ai un peu peur (j’ai toujours un peu peur la veille d’un marathon), ça me booste. Emilie court, Théodore pourrait presque courir : Lorsque je vois des coureurs franchir la ligne d’arrivée et la joie sur leurs visages, ça me donnerait presque envie de courir m’avait-il dit lors du marathon de Düsseldorf l’an dernier. Presque.

47’’ au 200m

Dimanche 22 avril – 5h00. Le réveil qui sonne (à la même heure qu’en semaine). Au top de la forme. Rapide coup d’œil sur l’application météo de l’iPhone : 14° à 7h00, 18° à 9h00 et 24° à l’arrivée.

Douche, préparation et petit déjeuner. Des bouteilles d’eau sont à disposition à l’entrée de la salle du restaurant. Ça confirme ce qu’annonçait l’application !

8h00 : le départ est dans une heure mais je suis déjà sur la ligne de départ. Je l’avais repérée la veille, mais j’ai toujours besoin d’arriver tôt sur une course, pour sentir l’ambiance et vérifier mes repères. J’ai fait de même avec les deux derniers kilomètres du parcours.

Un échauffement plus long que d’habitude. Pour se rassurer ? Oui. Pour se réchauffer ? Non !

8h50 : je rentre dans le SAS de départ. C’est un peu le bazar, le SAS est blindé de monde car il s’agit d’un SAS unique pour les coureurs en -3h00. Il faut que je parte détendu. Je sais que c’est important. Emilie me le rappelle : Ton RP sur 10Km à Vincennes tu l’as fait détendu, sans pression. C’est la clef ! Je ne pense pas à la course. Je me faufile et discute avec d’autres coureurs de Metz Métropole Athlétisme. Pas trop le temps de réfléchir, un dernier bisou et PAN !

C’est parti. Pas mal de monde à rattraper. Je me faufile sur la droite de la route. Au 200m, je suis en 47’’ (j’avais aussi repéré les 200 premiers mètres afin de ne pas m’emballer sur le départ).

Je passe le Km1 en 3’47’’. C’est 2’’ de plus que ce qui est prévu mais je ne m’inquiète pas. C’est quoi 2’’ ?! Bon OK, au semi de Paris, j’aurais répondu : C’est un RP ! ;-)

Très vite, la course se fluidifie. Je vois les hommes de tête (au loin !) avec la voiture chrono. Je garde mon rythme, je suis en 3’43’’/3’45’’. Je suis bien.

Premier semi : la ballade

On arrive au Km9. Je sais qu’Emilie & Théodore seront dans le coin. Ça me booste. Emilie m’avait demandé : Tu préfères qu’on se mette comment pour te donner à boire ? Je lui avais répondu de se mettre sur le côté droit, sans trop réfléchir au fait qu’à certains endroits, suivant la trajectoire il valait mieux être à gauche… Mais ils ont géré visualisant les trajectoires des groupes de tête. J’attrape le bout de tissu mouillé et la bouteille d’eau. J’ai le temps d’entendre Théodore me dire : Vas-y, c’est super !

Je suis bien. Je suis dans un petit groupe avec une élite féminine : F17 – Catherine Spizner : 2ème autrichienne avec un chrono de 2h44 l’an dernier à Vienne, elle espère faire mieux cette année. J’avais consulté la liste des élites féminines afin d’en trouver une avec un chrono de référence similaire à mon objectif. Cela me permettra de bien garder mon rythme. De plus, elle bénéficie d’un pace : M88 et est escortée d’un vélo.

Km12 : toujours dans le groupe, je passe à proximité du marché où je me suis rendu la veille. Tu es sûr que c’est là ? Oui, oui, je reconnais la façade des immeubles finement décorée. Je sais que ma belle-mère est dans le coin et je repense à ce que lui avait dit Théodore le samedi midi : Si tu veux le voir au Km12, tu dois être à 9h45 au panneau, pas à 9h50 hein, c’est hyper précis, ça se joue à la seconde ! Il y a beaucoup de monde. Je me dis qu’il me sera difficile de l’apercevoir. Et puis tout d’un coup je l’aperçois. Ça me motive.

Km15 : premier gel, tout roule. Je gère. J’ai changé quelque peu ma stratégie d’alimentation : au lieu des 4 gels habituels (pour les Km15, Km25, Km35 + gel pour le finish), je suis parti sur 6 gels : Km15, puis tous les 5 kilomètres.

Km16 : je passe en 1h00. On est sur les bases de 3’45’’, tout roule.

Km18-Km19 : un coup de moins bien…

Km20 : on va arriver au semi. Il faut que je sois en 1h19 pour être dans les clous. J’aperçois Emilie qui me tend un bout d’étole humide. Théodore est juste après ! Je l’aperçois quelques dizaines de mètres plus loin. Un virage à gauche et l’on arrive au semi : 1h20’27’’. Je suis à la bourre. Il y a quelques années, j’aurai paniqué : Merde, merde, je suis en retard ! Mais là, bizarrement, rien de tout ça. Je ne m’affole pas.

Deuxième semi : là où tout commence

En marathon, le marathon commence au Km21. C’est là que tu dois te battre. C’est là que rentre en jeu ce qui est essentiel dans ce sport : le mental. J’ai tendance à en manquer parfois. Je le sais.

Km22-23 : je suis rattrapé par l’élite féminine F17 que j’avais quelque peu distancée dans les kilomètres précédents. A partir de ce moment c’est l’explosion. Impossible d’avancer. Les jambes ne répondent plus. Je ne souhaite pas forcer ; je me dis que si je force maintenant, je vais tenir un kilomètre de plus mais que j’exploserai ensuite et que ce sera pire. Il fait chaud. Trop chaud pour courir.

Km25 : je prends mon gel. L’ouverture est difficile. En tentant de l’ouvrir avec les dents, je le transperce et le gel me coule sur la main droite. Il fait chaud, ça colle de partout ! Je cours la main collante, j’ai hâte de voir Emilie & Théodore pour qu’ils me donnent une bouteille d’eau. Je les cherche du regard, mais ne les vois pas.

Km27 : j’aperçois Emilie. En la voyant, je lui fais un signe croix avec mes bras. Je suis cuit. J’ai juste le temps de lui dire : Il fait trop chaud. Dis à DD que je suis sur les bases de 2h44/2h45. J’attrape la bouteille d’eau tendue et me la verse au-dessus de la tête. Quelques dizaines de mètres plus loin, j’aperçois Théodore qui me tend un bout d’étole. Je me l’enroule sur la tête et contrairement à avant, je le garde. Je ne le jette pas. L’eau coule sur le torse et dans la nuque. Cela me fait du bien. Mais au bout de 2/3Km le morceau de tissu est quasiment sec. Je le jette. Je suis dans une longue ligne droite que je dois ensuite reprendre en sens inverse.

Le mental prend le relais

A partir de ce moment et jusqu’au Km35, je serai seul. Seul avec moi-même. Je dois me faire dépasser par 2/3 concurrents. Je dois rattraper 2/3 concurrents. Bref je maintiens le rythme : 4’10’’/4’20’’ au kilomètre. Pas plus vite. Je me dis : Finis la à cette allure. En mode SL. Et puis je pense beaucoup au message que m’a envoyé Jean-Marc la veille via Facebook : Que ta petite étoile te protège tout le long de ton parcours on te souhaite un bon marathon. Je pense à Agathe. Elle aimait cette ville de Vienne. Pendant la préparation de ce marathon, combien de fois me suis-je dit : En faisant un RP durant ce marathon, je le dédierai à Agathe. Ça me remotivait dans les moments durs de la prépa : sous la pluie, dans le froid, ou quand tu n’es pas dans l’allure définie. Je sais que ce ne sera pas le cas. Je suis déçu mais je continue. Je ne lâche pas. Depuis que j’ai commencé à courir, je n’ai jamais abandonné sur une course. Ce n’est pas maintenant que ça va commencer. J’avance à  mon rythme.

Km35 : dernière fois que je vais apercevoir Emilie puis Théodore. Bouteille d’eau, morceau d’étole mouillé. Le rituel. 7 kilomètres. Je vais finir.

Et puis j’aperçois quelqu’un qui court sur le bas-côté. Un français avec qui j’échange quelques mots. Il va m’accompagner durant 3/4 kilomètres en m’encourageant : Concentre-toi sur ta foulée. Pense à toutes les semaines d’entraînement. Il me recontactera via le réseau Strava. Merci à lui de m’avoir accompagné.

Je connais la fin. Je m’imagine par rapport au plan du parcours. Allez encore 2/3 virages et j’arrive sur Open Ring ! Ensuite c’est la fin.

Km40 : je regarde la montre : 2h40. Je me dis que lors de mon RP à Rennes en 2015, j’étais arrivé. J’en souris. J’accélère ? Non. J’attends le Km41.

Km41 : de plus en plus de monde sur le bord de la route. Ça sent l’arrivée. J’accélère ? Non, non c’est trop tôt. J’attends les 500 derniers mètres.

Km41,5 : bon là maintenant il faut vraiment accélérer. Oui mais il fait chaud, on doit approcher les 25° ! Je me dis : Sortie du virage, c’est maintenant que tu cales la mine. Il y en a 2 devant, tu les rattrapes. Allez ils sont mal ! Virage à droite, panneau des 500m : Maintenant !

J’accélère, je tire sur les bras (après course, et après vérification du chrono il s’avèrera que j’étais à une vitesse de 3’13’’ au kilomètre sur les 500 derniers mètres). Je reviens sur mes deux concurrents, j’espère qu’ils ne vont pas se retourner pour accélérer.

Il y a du monde, beaucoup de monde, c’est incroyable, ça booste. Le site internet de l’événement indique qu’il y a près d’un million de supporters le long du parcours. C’est certainement vrai tant la ferveur est grande !

Il reste moins de 200m, on va arriver sur le tapis bleu : Allez tire sur les bras, tu les bouffes ! TOP ! Je passe la ligne : 2h49’35’’ à la 54ème place du général. Juste en dessous des 2h50. Ce n’est pas si pire (comme on dit au Québec). Je suis content, j’en suis venu à bout. Mais je ne vais pas mentir, c’était dur. 

Voilà. Un de plus, le 11ème. Et j’ai déjà en tête le 12ème ;-)

Même si le marathon est une épreuve solitaire, elle ne peut être réalisée qu’avec une équipe, bien entouré. Alors, je tiens à remercier ma famille et  Emile qui étaient là pour me supporter durant cette épreuve et qui ont tout mis en œuvre pour qu’elle se passe le mieux possible le jour J. Un grand merci à DD mon coach du XVème Athletic Club pour m’avoir préparé à cette épreuve, pour sa disponibilité jusque dans les dernières heures avant la course, pour ses conseils et son écoute. Un grand merci à mes co-équipers du Groupe 0 : Nicolas P, Nicolas S, Olivier, Filippo, Amaël, Geoffroy et Titou pour votre confiance et votre soutien lors des entraînements sur piste. Enfin, merci à Cryo78 (www.cryo78.com) de m’avoir accompagné lors de cette préparation avec des séances régulières.

10:30 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sport, marathon, vienne, xvemeac, running | |  Facebook

19 septembre 2016

Annulation des courses par mesure de sécurité : attention !

Depuis les attentats de Paris, et la prolongation de l’état d’urgence, bon nombre de courses pédestres ont été annulées en Ile-de-France (et ailleurs !) par mesure de sécurité. Ces annulations se sont encore multipliées ces dernières semaines, quelques jours à peine après la reprise de la saison sportive, avec l’annulation de plusieurs courses (Joinville, Suresnes, La Queue-en-Brie…) après concertation avec les préfets des départements et cela bien souvent la veille ou avant-veille de la course.

Ces annulations d’événements sont tout à fait compréhensibles après l’attentat de Nice : chaque rassemblement est une cible pour un acte terroriste. L’actualité nous l’a encore démontré le week-end dernier avec un engin explosif découvert dans une poubelle le long du parcours d’une course dans l’état du New Jersey aux Etats-Unis.

Pourquoi ces annulations ?

Si ces annulations ont lieu quelques heures avant l’épreuve c’est dans la plupart des cas suite aux ultimes réunions en préfecture qui ont lieu dans la semaine précédant la course. Pour faire court, la préfecture recommande aux organisateurs (associations sportives, municipalités…) un renforcement des mesures de sécurité, celles-ci provenant du ministère de l’Intérieur.

Dans le cas d’une épreuve organisée par une municipalité, celle-ci peut passer outre la demande émanant du Préfet, le maire de la commune ayant des pouvoirs de police sur le territoire de la commune, à l’exception de la ville de Paris où le Préfet de police possède l’ensemble de ces pouvoirs.

Dans les cas d’une épreuve organisée par une association sportive (je parle bien d’une association sportive et non pas d’une entreprise organisatrice d’événements…) pour laquelle cet événement est l’événement phare de la saison (qui dans le meilleur des cas par une météo favorable et avec un nombre de participants similaire à l’an passé rentrera tout juste dans ses frais), celle-ci à deux possibilités : répondre favorablement aux exigences de la préfecture en augmentant le dispositif de sécurité (mise en place de plots en béton, augmentation du nombre d’agents de sécurité prévu…) ou bien annuler l’événement étant incapable de satisfaire aux besoins exprimés.

Il est important d’avoir à l’esprit que dans certains territoires, ces événements sont des moments clés dans l’agenda culturel et sportif de la commune. Des moments forts de convivialité et de fraternité permettant l’échange et le dépassement de soi ; autant de moments qui, par mesure de sécurité, pourraient se raréfier dans les semaines à venir.

A ce jour, faire reposer l’ensemble de la sécurité et des responsabilités inhérentes à un tel événement sur une association à but non lucratif peut décourager les bénévoles et apporter de l’incertitude supplémentaire à la société.

Pour autant, des épreuves de masse ont été réalisées récemment (la Parisienne…) et apporte une ambiguïté sur la gestion post-terroriste des épreuves sportives : seules les épreuves parisiennes seront permises ? Seules les épreuves organisées par des majors des organisations sportives pourront organiser de tels événements ayant les capacités financières pour supporter ces coûts ? Seules les municipalités et organisateurs qui disposeront de forces disponibles pourront répondre aux demandes de vie sociale de leurs concitoyens ?  Va-t-on vers une société sportive où le participant devra, en plus, supporter financièrement le coût de sa sécurité ?

Ou plus prosaïquement, la société sportive comme civile ne doit-elle pas simplement vivre afin de ne pas faire le jeu de barbares écervelés ? A méditer…