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14 décembre 2013

Sécurité privée : quel modèle économique ?

Le mois dernier, j’ai assisté aux secondes assises de la sécurité privée qui se déroulaient au sein de l’Ecole Militaire, assises organisées par la DISP (Délégation Interministérielle à la Sécurité Privée et l’INHESJ (Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité & de la Justice) et dont le thème était Quel modèle économique ?

Retour en bref.

La santé économique du secteur.

Le secteur a connu une croissance jusque dans les années 2008/2009 ; ses effectifs ont doublé entre la fin des années 1990 & 2009, date à laquelle la croissance n’a plus été au rendez-vous.

Aujourd’hui, le secteur de la sécurité privée représente 1 à 2% du marché total des services en France, secteur avec un fort poids liés aux frais de personnel, donc des frais incompressibles. Le secteur compte 165 000 salariés dont la majeure partie est faiblement qualifiée. On note sur 2012/2013 une absence de dynamisme, sans pour autant voir une reprise sur 2014.

La sécurité privée est considérée comme un secteur d’absorption, dont 25% de la demande d’emploi est en Ile-de-France. L’Ile-de-France est la région comptant le plus de salariés dans le secteur (près de 43%), quand la seconde région, PACA ne représente que 9% des effectifs. Le déficit d’image de la sécurité privée est énorme.

Le secteur de la sécurité privée est le secteur d’activité le moins rentable de France. Les raisons à cela sont multiples : le marché est non structuré, le marché « gris » (représentant environ 10%) et le secteur public (représentant près de 20%) ne créent pas de valeur, la course au volume réalisée par certaines entreprises, la faiblesse des compétences en management… Enfin, le marché est plus axé sur de la gestion de l’humain et non pas de la gestion des risques

Enfin, d’un point de vue européen, les marges des entreprises françaises dans le secteur de la sécurité privée sont les plus faibles parmi les 27 membres de l’union.

La professionnalisation du secteur.

La professionnalisation du secteur permettra de fournir un profil adapté vendu au meilleur coût. Les formations sont un centre de coûts qui doit être pensé comme un retour sur investissement sur le moyen & long terme.

Ce n’est que rarement le cas à ce jour.

En 2003, le coefficient 120 (coefficient minimum de la grille des métiers repères) était 10% au dessus du SMIC. En janvier 2014 il sera 1,5% au dessous du SMIC.

La sécurité privée sur le terrain.

Notre secteur doit évoluer et cela pour deux raisons principales : faire monter les agents en compétence & améliorer l’image du secteur.

Aussi, l’avenir pour les entreprises du secteur n’est plus de fournir de « l’homme/heure ». Il va falloir aller plus loin, en prenant en compte, au titre du client, un risque et lui proposer une solution alliant des moyens humains et des moyens techniques pour pallier à ce risque.

Ainsi, le cahier des charges du client doit être un minimum ; les entreprises de sécurité devront être capables de proposer une solution qui puisse se dégager de celui-ci, comprendre le risque pour proposer une réponse au besoin & dégager une problématique sécurité du site.

Cela suppose également que les donneurs d’ordres & clients laissent du temps quant à la remise des réponses, ce qui malheureusement n’est pas souvent le cas. Les prestations de sécurité ne doivent pas être prises comme des prestations obligatoires imposées par telle ou telle réglementation mais doivent s’imposer comme des prestations indispensables à la bonne vie de l’entreprise. Et être suffisamment anticipées quant à leur mise en place.

L’approche du marché en sera alors complètement modifiée ; nous passerons d’un marché de fourniture « hommes/heures » à un marché de « conseil ».

Enfin, il est bien évident que trop d’entreprises ne respectent pas la CCN, la législation, réalisent de la sous-traitance en cascade… Aussi, le secteur se doit de proposer de mettre des barrières à entrée du secteur, tel que des garanties financières. Et cela avant que ce ne soit la réglementation qui l’impose.

Bref, on a du boulot en perspective…

04 août 2013

Eléments de reprise de personnel : imposons un tableau-cadre.

Lors de la rédaction d’une offre commerciale, mis à part la partie définissant la mise en place des prestations ainsi que l’organisation souhaitée émanant du client, celle liée à la reprise de personnel est primordiale. C’est d’ailleurs un point essentiel sur lequel il ne peut être commis d’erreur, puisque toute erreur commise dans cette partie aurait un impact sur le coût de la prestation, cet impact pouvant être à la hausse comme à la baisse, l’ensemble des parties étant concernées, prestataires comme client.

Du potentiel prestataire sortant

Avec la mise en place l’extension de l’avenant sur la reprise de personnel en date du 29 novembre 2012 (cf. article), le poids lié à la reprise de personnel s’est accentué. En effet, depuis le 1er février 2013, le prestataire entrant est tenu à une reprise de 100% du personnel en poste, suivant plusieurs conditions détaillées dans l’avenant précité (ancienneté dans le secteur de la sécurité privée, ancienneté sur site…).

Aujourd’hui, lors d’un appel d’offres, ces éléments liés à la reprise de personnel sont fournis par le client lançant la consultation à l’ensemble des entreprises désireuses de répondre. Cette transmission d’informations résultant d’une demande du client auprès de son prestataire. Ce dernier, qui a donc un statut que l’on pourrait définir comme potentiel prestataire sortant (puisque rien ne prouve qu’il ne sera pas reconduit à l’issue de la consultation) n’est en aucun cas obligé de les fournir à son client, mais on imagine bien les conséquences que cela pourrait avoir, tant concernant la fin de contrat qui risque d’être houleuse entre client & prestataire, que pour la reconduction de ce dernier.

En étant en possession de ces informations, l’ensemble des prestataires potentiellement entrants peuvent donc travailler sur un pied d’égalité à la reprise de personnel. Encore faut-il que le potentiel prestataire sortant ait fourni à son client l’ensemble des données nécessaires…

 … au potentiel prestataire entrant.

A ce jour, il n’existe aucun cadre réglementaire régissant les éléments que doit fournir le potentiel prestataire sortant, puisque les éléments fournis sont à son bon vouloir. Dès lors, ce dernier peut ne pas fournir certaines informations indispensables au chiffrage (primes, indemnités…), qui ne pourront être prises en compte dans les chiffrages des prestataires potentiellement entrants.

On assiste dans certains cas à des chiffrages, pour des prestations similaires, pouvant complètement être déconnectés de la réalité, ces chiffrages étant réalisés sur des informations partielles et/ou erronées, voulues ou non.

Ce type d’agissement, n’est, ni bénéfique pour le prestataire en place, qui laisse à supposer une possible tentative de tromperie, ni pour les prestataires postulants, qui ne peuvent que se baser sur la bonne foi du prestataire en place et donc émettre des réserves dans leurs offres commerciales, ni pour le client, qui au final ne sait pas quel sera le coût réel de la prestation.

Face à ce bon vouloir du prestataire sortant, il suffit de cadrer les choses dans un tableau des éléments de reprise, qui reprendrait l’ensemble des informations obligatoires à fournir par le potentiel prestataire sortant.

On pourrait très bien imaginer un document intitulé Tableau de rémunération & qualification du personnel en poste, ce tableau reprenant les informations suivantes pour chacun des agents en poste (sans bien évidemment les nommer, comme cela peut parfois être le cas !) :

 -Qualification

 - Coefficient

 -Taux horaire brut

 - Nombre d’heures mensuelles

-Rémunération brute mensuelle

-Date d’ancienneté dans le secteur de la sécurité

-Date d’affectation sur le site concerné

-Indemnités : en précisant pour chaque le libellé (panier, habillage…) ainsi que la récurrence (mensuelle, horaire, à la vacation…)

-Prime : en précisant pour chaque le libellé (poste, chien, déplacement…) ainsi que la récurrence (mensuelle, horaire, à la vacation…)

-Commentaires libres

Le potentiel prestataire  sortant est un (futur) potentiel prestataire entrant.

La situation économique dans laquelle évoluent les entreprises françaises et plus particulièrement celles du secteur de la sécurité humaine est difficile. C’est pourquoi il est quelque peu compréhensible la volonté qu’ont certaines entreprises à ne donner le moins d’informations (afin pensent-elles d’être sur de garder le contrat), ces informations qui, dans le cas de la perte d’un contrat pour ce prestataire seront de toute façon vérifier lors de la reprise du marché. Dès lors, il vaut mieux être clair dès le début quant aux informations transmises.

De plus, ces prestataires ne souhaitant pas toujours fournir l’ensemble des informations nécessaires au chiffrage doivent avoir une vision plus lointaine que la seule possibilité perte du présent contrat. Ils sont aujourd’hui potentiel prestataire sortant mais seront demain potentiel prestataire entrant sur une prochaine consultation.

Enfin, la mise en place de ce cadrage, qui, à mon sens, doit être effectuée au sein de la profession et non imposée par l’extérieur, permettrait de montrer auprès des entreprises bénéficiant de prestations de sécurité humaine une réelle volonté de transparence, ce qui au final amènera la sécurité privée, j’en suis sur, à redorer une image encore plus professionnelle.

02 février 2013

Arrêté du 29 novembre 2012 relatif à la reprise de personnel dans le cadre de la convention collective nationale des entreprises de prévention et de sécurité : y a-t-il des risques pour la profession ?

Depuis la parution de l’arrêté du 29 novembre 2012 portant extension de l’avenant à l’accord conclu dans le cadre de la convention collective nationale des entreprises de prévention et de sécurité, les entreprises du secteur ont pour obligation la reprise de 100% des salariés travaillant sur site, à condition que ces derniers aient une ancienneté supérieure à 4 ans. La mise en application de cet arrêté a été fixée au 1er février 2013.

Cette évolution dans les prises/pertes de sites, évolution favorable à l’emploi & aux salariés, peut nous amener à nous interroger sur le point suivant : la mise en application de cet arrêté ne va-t-il pas voir une augmentation du nombre des entreprises du secteur ?

En effet, en schématisant & caricaturant, ne peut-on pas imaginer qu’un individu créé l’entreprise A, dont il n’est pour l’instant que l’unique employé. L’entreprise A candidate à une consultation, et la remporte. Les agents travaillant sur site ayant tous une ancienneté supérieure à 4 ans, ils sont repris intégralement comme le veut l’accord et donc deviennent salariés de l’entreprise A. L’entreprise A, dont les frais de structure sont extrêmement faibles, grossit et prend plusieurs marchés de la sorte. Elle en perd également mais qu’importe puisque la reprise s’effectue à 100%. Son nombre d’employés fluctue au fil des pertes & prises de sites, mais cela n’a que peu d’importance, puisqu’elle maintient son nombre d’employés à un niveau défini. Dès lors, l’entreprise A est très compétitive et peut se permettre d’afficher des prix de vente plus bas que la concurrence.

Ainsi, peut-on se demander si un marché tel que celui de la sécurité, marché atomisé comptant plusieurs milliers d’entreprises – je ne donnerai pas de chiffres précis, ceux-là variant entre 7 000 & 9 000 suivant les articles… –, peut se permettre de voir encore son nombre d’entreprises augmenter ? De plus, ce comportement ne peut-il pas tirer encore plus les prix vers le bas ?

[Pensée de l’auteur : peut-être verrons-nous un jour un une application iPhone ou un site Internet : www.quial’agentdesécuritélemoinscher.com ou www.quialessiaplemoinscher.com comme c’est le cas dans la guéguerre de la grande distribution…].

A mon sens cela risque d’une part d’aller à l’encontre de la mission du CNAPS qu’est celle de police administrative via l’assainissement de la profession, et que d’autre part, la mission des entreprises de sécurité n’en soit réduit à de la gestion de personnel.

Affaire à suivre…

16:31 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sécurité, législation, reprise, prix, cnaps, emploi, personnel, entreprises | |  Facebook