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16 janvier 2012

Conquérir l'Amérique à partir de San Francisco ? Le choix du MoDem en Amérique du nord.

Aujourd'hui, je publie un article écrit par Anthony Grolleau-Fricard. Anthony a vécu durant huit ans à Montréal, où il s'est fortement impliqué dans la communauté française. Co-fondateur et membre de l'exécutif du collectif "Souriez, vous êtes Français !", il a été candidat-tête de liste aux élections de l'AFE en juin 2009, et  président du MoDem Canada.

Dans cet article, Anthony nous donne sa vision sur la prochaine élection législative en Amérique du nord.

Le jour même où Corinne Narassiguin, candidate PS, annonçait que son suppléant serait désormais Cyrille Giraud d’EELV, le MoDem d’Amérique du Nord publiait sur Facebook le nom de sa candidate. Cette annonce des troupes de François Bayrou dans cette vaste circonscription nord-américaine semblait malheureusement mal maîtrisée en terme de communication. Les plâtres de la conception technique n’étaient pas encore totalement essuyés : le titre du site de la candidate orange affichait Carole Granade, Just another wordpress site. Ces petites coquilles ainsi que le timing donnaient l’impression que le MoDem communiquait dans l’urgence de l’officialisation de l’accord PS/EELV. Est-ce à dire que ce lancement mal programmé est négatif pour le MoDem ? Par forcément, il ajoute de l’humain, du non calculé qui, à mon avis, ne peut que rendre sympathique la candidate et ses partisans.

Néanmoins, l’officialisation de la candidature Modem m’amène à plusieurs constats.

1 – San Francisco et le désert nord-américain ?

Alors qu’on s’attendait à voir Franck Barrat, conseiller des Français de l’Etranger pour San Francisco depuis 2009, et président du MoDem US depuis la même année, être le candidat naturel, la question qui animait tout le monde était qui sera son suppléant et d’où viendra-t-il ? Montréal ou New York ? Canada ou Etats-Unis ?

La candidature de Carole Granade est surprenante. Si d’un côté, il est plutôt positif de voir de nouvelles personnalités actives et connues parmi les Français de San Francisco rejoindre officiellement les rangs du MoDem et apporter à ses valeurs et ses couleurs une nouvelle assise et une nouvelle légitimité, on peut néanmoins se demander s’il n’y a pas une erreur de casting.

La candidate est de San Francisco. Le suppléant également. Ce serait déjà un peu limite en terme de représentation des électeurs et du territoire dans le cas d’une élection pour l’Assemblée des Français de l’Etranger… c’est clairement insuffisant pour les législatives. Comment des électeurs de New York ou de Montréal vont se reconnaître dans des candidats issus uniquement de San Francisco ?

De plus, sur la ligne Est-Ouest, il faut ajouter la frontière Canada et Etats-Unis. Est-ce que les Français vivant au Canada ne vont pas se sentir mis en peu de côté ? D’autant plus qu’ils ne se reconnaissent pas forcément dans les Français vivant aux Etats-Unis.

2 – Un MoDem sans réseau…

Avoir deux candidats de San Francisco pose également la question du réseau du MoDem en Amérique du Nord. Est-ce que le MoDem a deux candidats à San Francisco parce qu’il a été incapable de trouver des candidats ailleurs aux Etats-Unis ou au Canada ?

Il faut dire que, depuis 2010, le centre historique et dynamique du MoDem en Amérique du Nord, la cellule de Montréal a implosé. De son côté, le MoDem US n’a jamais réussi à vraiment se structurer en dehors de San Francisco où Franck Barrat est très actif. Le MoDem US n’a même jamais réussi à avoir une vraie cellule exécutive active.

Face au MoDem, les deux grands partis que sont le PS et l’UMP sont actifs et ont des réseaux de cellules/sections très bien implantés et depuis des années. Plusieurs de leurs membres sont connus dans les milieux associatifs. Bref, UMP et PS ont des relais un peu partout dans la circonscription.

Quant au MoDem, le site Démocrates Amérique du Nord présente une liste de quelques rares noms : deux au Canada, cinq aux Etats-Unis. Si on ne doute pas que la motivation de l’équipe nord-américaine, il n’en reste pas moins que la grande faiblesse du MoDem est son faible réseau et le manque de visibilité de ses membres. Par exemple, Franck Barrat est connu à San Francisco mais est totalement inconnu sur la côte Est.

3 – Ca se bouscule aussi au centre

La concurrence ne ménage pas non plus le MoDem.

Aujourd’hui, ceux qui ont réussi le meilleur positionnement sont le PS et EELV. Leur union à gauche ne laisse pas entrevoir de dissidences ou de candidatures indépendantes comme c’est le cas en Angleterre avec celle de Will Mael Nyamat.

A droite, le candidat Frédéric Lefbvre, parachuté par l’UMP, créé de la dissidence dont Julien Balkany (au nom bien connu) et Guy Michon, conseiller à l’AFE vivant sur la côte ouest. D’autres pourraient encore sortir de leur chapeau…

Le centre, quant à lui, n’est pas oublié. L’officialisation d’une candidature centriste de l’ARES (Nouveau Centre, Parti radical, etc.) ne devrait pas tarder et viendrait menacer le MoDem sur l’électorat centriste et centre-droite. Une candidature New-York/Montréal est pressentie et vise directement deux importants polls de voix. Elle pourrait rassembler des gaullistes et UMPistes déçus du Sarkozisme et grignoter clairement des voix chez les démocrates de Bayrou.

Au centre-gauche, l’accord PS/EELV fait mal. Le duo Narassiguin et Giraud couvre la gauche mais pourrait venir tacler le MoDem sur du centre-gauche. Leurs profils liés à la finance et leur discours pour une économie responsable ne les posent pas comme des gauchistes et des communistes – quoi qu’en disent certains membres de l’UMP nord-américain.

Il ne faut pas oublier le candidat indépendant de Montréal Philippe Régnoux. Son « mouvement » Ici pour demain, arborant des couleurs oranges, et son discours dénonçant la politique politicienne, appelant à l’humanisme, en font un concurrent direct du MoDem (dont il est un ancien membre). Il peut voler des voix importantes sur Montréal, terrain qu’il travaille depuis des années. Il couvre lui aussi un spectre centre et centre-droite et peut peut-être aller aussi chercher quelques centres-gauches.

Reste la République solidaire de Villepin qui a des soutiens actifs en Amérique du Nord. Aura-t-il un candidat ? Si oui, il prendra de l’électorat centre-droit tout en augmentant le bruit à droite.

4 – San Francisco champ de bataille ?

Néanmoins, San Francisco n’est pas un mauvais choix pour le MoDem. Aux Etats-Unis, c’est sûrement un des pôles de Français où la gauche et le centre ont le plus de chances de s’imposer (cf. résultats des élections présidentielles de 2007 et AFE de 2009).

Si le ticket PS/EELV est positionné sur la côte Est, il a tout de même un bon réseau en Californie et sur la côte ouest. Et San Francisco sera une de ses cibles. Le candidat d’Ici pour demain ne s’est pas trompé en se déplaçant dès le printemps 2011 à San Francisco et en ayant une suppléante issue de cette ville.

Dès lors, le positionnement du MoDem à San Francisco n’est pas une erreur. Franck Barrat y est très présent. Carole Granade y est aussi connue. Mais ils ne doivent pas le prendre comme un acquis. Bien au contraire. La lutte pour la conquête de ce poll sera difficile.

5 – Le joker présidentiel

L’élection présidentielle est un facteur important, pour ne pas dire essentiel pour les législatives. Après une longue traversée du désert, les sondages sont plutôt positifs pour François Bayrou ne peuvent qu’alimenter l’espoir, pour ne pas dire la ferveur. Si Bayrou se positionne au mieux au second tour (et dans ce cas-là, on peut s’attendre à ce qu’il soit élu) au pire en troisième homme, le MoDem sera gonflé à bloc et pourra profiter de cette bouffée d’air pour faire le plein de voix.

A l’inverse, l’ARES pourrait très bien imploser en vol ou rejoindre le MoDem à la suite des élections présidentielles.

Bref, l’élection présidentielle pourrait modifier le jeu des alliances et faire sauter le suppléant du MoDem dans le cadre d’un accord avec l’ARES ou un candidat République solidaire. Dans ce cas-là, la concentration californienne du MoDem pourrait disparaître et lui redonner une assise continentale…

6 – Une vision à long terme

Finalement, Franck Barrat a bien fait de ne pas être candidat. Si ça avait été le cas, on aurait pu lui reprocher son ambition (après son élection comme conseiller AFE en 2009) et sa volonté de courir les mandats.

Pour le MoDem en Amérique du Nord, ce duo californien est excellent pour asseoir plus fortement le parti à San Francisco. Il pose les bases d’une stratégie à long terme dans cette région : plus de visibilité mais aussi conquête potentielle de sièges à l’AFE.

Et si Carole Granade est élue, alors le parti comptera deux élus en Amérique du Nord… un beau succès pour un MoDem moins développé et structuré que ses deux principaux concurrents, PS et UMP.

08:44 Publié dans Législatives 2012 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : amérique du nord, législatives 2012, modem, ps, ump | |  Facebook

12 mars 2010

J-2 : impressions montréalaises

Dans maintenant deux jours aura lieu le 1er tour des élections régionales. Ce 1er tour sera le dernier tour tel que nous le connaissons. En effet, le mandat de conseiller régional ayant été raccourci à 3 ans – au lieu de 6 – afin de permettre la mise en place des fameux conseiller territoriaux, élément clé de la réforme territoriale.

 

Que retenir de cette campagne ?

Malgré la distance non négligeable – 6 000Km – j’ai tenté de suivre la campagne.

Dès le lancement de la campagne pour les régionales, le PS annonçait ses ambitions : « Avoir une carte de France toute rose au soir du second tour », où encore « On espère faire le grand chelem, c’est largement possible ! ».

« Prétentieux ! » répondent nos amis de l’UMP. Le parti au pouvoir, pour qui c’est déjà suffisamment compliqué de trouver des têtes de liste qui veulent vraiment s’engager – et qui accepteront de ne plus être au gouvernement en cas de victoire – a du mal à finir ses listes. Son conseil national qui doit adopter les têtes de liste se déroule dans un climat tendu. Du coup les pronostics sont à la baisse. Du « On peut reprendre à la gauche plusieurs régions » on passe limite à un « Si on est en tête au 1er tour ca sera bien ». 

Bref, comme vous pouvez le lire, on parle de tout, sauf de ce pourquoi ces hommes et ces femmes s’engagent, des problèmes des habitants de telle ou telle région.

Ah si, on a parlé des problèmes d’un habitant de la région : ceux d’Ali Soumaré bien sur ! Grâce visiblement à une ingénieuse stratégie mise en scène par les ténors de l’UMP dans le Val d’Oise – Francis Delattre et Axel Poniatovski en tête – cette campagne à atteint le niveau le plus bas : celui du caniveau. L’aboyeur de service de l’UMP, Frédo la chevelure*, avait bien une idée : « Chaque candidat, pour se présenter à un scrutin, devra présenter son extrait – sous entendu vierge – de casier judiciaire ». Formidable idée. J’applaudis des deux mains. Mais je doute que l’ensemble des parlementaires de son parti applaudissent des deux mains. Et les premiers se trouveraient certainement dans le département dont il fut député…  

 

Pourquoi les régionales n’intéressent-elles personne ?

A la lecture des différents et ô nombreux sondages, l’abstention serait très élevée. Les élections régionales n’intéressent-elles donc personne ? C’est là le premier problème. Pourquoi, ces élections qui vise – ou visaient – à élire une assemblée présente dans notre vie de tous les jours n’intéressent pas ? L’action régionale est en effet présente sur beaucoup de fronts : les transports et les lycées en sont les meilleurs exemples. La faute peut-être à une action régionale qui manque de lisibilité, peut-être trop éloignée du citoyen – ce dont elle ne devrait ! – et de ses problèmes quotidiens. Où la faute à des candidats qui se présentent pour se présenter – à cause d’un « Ce n’est pas moi qui veut y aller mais ca vient d’en haut. C’est soit j’y vais, soit je perds mon maroquin ! » ?

 

Lors de cette campagne on a, à mon humble avis à 6 000Km, beaucoup parlé d’affaires – Soumaré & Frêche en particulier –, de forme et pas du fond. C’est assez pour vous détourner des élections régionales, non ?

 

 

* Le prénom et le nom ont été changés.

25 août 2009

Le MoDem, futur courant du PS ?

C’est un moment fort attendu dans chaque courant et parti politique que celui auquel nous allons assister dans les jours et semaines qui suivent. Je veux parler des universités d’été. Les universités d’été, ces rencontres rassemblant les militants et dirigeants, et où l’on fait de la politique au soleil en Ray-Ban, jean et chemisette en lin.

 

Ces universités d’été ont pour certains courants ou partis déjà eu lieu. Certaines ont d’ailleurs eu un vif écho dans la presse. Notamment celles du courant de l’eurodéputé Vincent Peillon, Espoir à gauche, auquel participait une brochette de représentants politiques couvrant une large surface de l’échiquier politique: Vincent Peillon, Marielle de Sarnez, Robert Hue, Daniel Cohn-Bendit, Christiane Taubira…

Tout ce petit monde bras dessus-bras dessous, pour cette fameuse photo reprise par l’ensemble des médias français avec en commentaire cette citation de Marielle de Sarnez – qui lui a valut une standing ovation de la part des 1500 personnes présentes – « Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose ».

 

 

Incarner la 3ème voie

Revenons deux ans en arrière. Juin 2007. Au lendemain du premier tour, François Bayrou créé le Mouvement Démocrate, censé, après ses 18,57% obtenus, incarner une 3ème voie face aux deux poids lourds que sont – ou qu’étaient ? – l’UMP et le PS. Objectif affiché: créer un Centre fort et indépendant qui ne soit plus seulement un appui à l’UMP.

Le principe de base était simple et se voulait rassembleur : dire « oui » quand les décisions prises par le gouvernement allaient dans le bon sens, et « non » dans le sens inverse. C’était, à mon sens, une bonne stratégie. Cependant, cette stratégie s’est transformée au fur et à mesure en TSS. Non pas « Tout Sauf Ségolène », mais « Tout Sauf Sarkozy ».

 

 

Deux ans après…

Aujourd’hui qu’en est-il ? Deux ans après sa création, malgré une forte mobilisation de ses sympathisants et adhérents à chacun des scrutins, le MoDem n’a pas eu les succès qu’il escomptait. Cela est-il dû à la stratégie du parti ? A ceux qui le dirigent ? Aux événements imprévus ? A mon sens un peu de tout. Je laisse le soin à chacun de se faire sa propre opinion là-dessus…

Dans une interview de Jean-Luc Benahmias, vice président du MoDem au journal Le Figaro datant du 24 août, le quotidien titrait Primaire à gauche : le MoDem n'est «pas indifférent». Le MoDem ou ses dirigeants ? Les adhérents ont-ils été consultés ? Le bureau lui-même l’a-t-il été ? Visiblement pas puisque dans une dépêche de l’AFP en date du 24 août, Corinne Lepage, vice présidente du MoDem dit « Je ne suis pas contre la position exprimée par Marielle de Sarnez. Mais c'est un engagement extrêmement fort qui aurait mérité d'être discuté préalablement en interne ».

En ce qui concerne le PS, il n’a pas de ligne claire concernant l’attitude à avoir face au MoDem, comme le rappelait Benoît Hamon lors de la Fête de la rose organisée le week-end dernier par Arnaud Montebourg dans sa circonscription.

Le lendemain, c’est le président du MoDem en personne qui, dans une interview au même quotidien, annonce « qu’il faut en finir avec les oppositions éclatées » , « construire une alternative au pouvoir en place ». Autrement dit, allons-nous revenir à une confrontation bloc contre bloc, l’UMP contre le PS-MODEM ? Le MoDem se dissoudrait-il dans le PS afin d’y devenir un énième courant – ce qui diminuerait fortement sa visibilité politique et médiatique ?

Une question subsiste : qu'en est-il alors de cette 3ème voie annoncée en 2007 ?

 

 

…qu’en est-il du Centre ?

Le Centre sera donc une fois de plus divisé. Les Centristes sont considérés comme divers droite sans appartenir à un parti, également au sein de la majorité gouvernementale avec le Nouveau Centre et le Parti Radical, au PS avec le courant MoDem, et ceux ayant rejoints l’Alliance Centriste de Jean Arthuis, dont la vocation vise à « promouvoir l'unification des formations centristes ».

C'est peut-être de là que renaîtra un Centre fort. Ce qu'il faut pour réussir, c'est que ces Centristes de tous bords aient le courage de se mettre ensemble, sous la même bannière, en pensant au futur et non pas à l'instant présent en ayant une vision à long terme et non pas une vision de mandature.