http://www.wikio.fr Le Blog de Jérôme Laurent

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19 avril 2016

Et si on responsabilisait la direction des achats ?

Depuis l’an dernier et les attentats de janvier et novembre, la sécurité est partout. On parle sécurité (à la machine à café, entre collègues, durant les repas de famille…), on est abreuvé de sécurité (par les médias), on se questionne sur la sécurité, sur notre sécurité. Bref, on vit sécurité.

On va même jusqu’à parler d’Ubérisation de la sécurité, via la mise en place, par exemple, de plateformes mettant en relation des particuliers (ou des entreprises) avec des professionnels (indépendants !) de la sécurité. Le secteur, comme celui des taxis ne résiste pas à l’Ubérisation !

Dans le cadre de mon activité professionnelle, je suis amené à rencontrer deux ou trois interlocuteurs, suivant la taille de l’entreprise, son organisation ou encore sa sensibilité aux risques et à la sécurité : le responsable sécurité ou lorsque le poste de ce dernier n’existe pas le responsable des moyens généraux et l’acheteur.

Le responsable sécurité est quelqu’un qui connaît son métier et qui l’aime. Il est investi dans sa tâche et, bien que notre secteur, notamment sur la partie surveillance humaine, soit en perpétuel mouvement de par les aspects juridiques qui nous régissent, il maitrise les bases du métier.

Bien sûr, le comportement de chaque individu est différent et l’expérience du responsable sécurité, suivant qu’elle ait été à 100% dans le privé ou issue des forces de l’ordre ou de l’armée, va jouer dans la perception qu’il aura de la sécurité d’une manière générale et de la sécurité qu’il souhaite mettre en place sur son site.

Le responsable des moyens généraux, lorsque ce dernier est en charge des prestations de sécurité est pour la plupart du temps moins au fait des règles de l’art de la profession.

Rien de choquant ni d’anormal en soi, puisqu’il gère bien souvent, en plus de la sécurité, les espaces verts, la propreté des bâtiments et la gestion des déchets. De plus, n’oublions pas son rôle au sein de l’organisation : ses clients, ce sont les salariés de l’entreprise. Dès lors, il n’est pas rare qu’il faille, en tant que prestataire, user de pédagogie pour expliquer notre métier, les règles qui nous régissent, ou bien le fonctionnement du secteur. C’est notre rôle et notre devoir et nous ne pouvons pas nous y soustraire.

Enfin, il y a l’acheteur. Rôle complexe puisqu’il doit être capable de répondre à la question suivante : Qu’est-ce que le bon achat ? Ce dernier doit gérer les achats généralement classés par familles de produits/services. Tout comme le responsable des moyens généraux, l’acheteur famille affecté aux services doit traiter avec l’ensemble des prestataires de services : sécurité, espaces verts, propreté des bâtiments et gestion des déchets.

En effet, rares sont les organisations qui ont des acheteurs spécialisés dans l’achats des prestations de sécurité, même si l’on peut se mettre à rêver (ou espérer !) l’apparition de ce type de poste au sein de l’organisation : l’achat d’une prestation de sécurité globale qui prendrait en compte non pas seulement le gardiennage ou la sécurité informatique, mais engloberait l’ensemble avec également la sécurité électronique et le transport de fonds. Mais nous en sommes loin !

Aujourd’hui, ce qui compte, ce n’est pas le contour de la fonction sécurité mais le coût de la sécurité. Et l’acheteur, comme tout citoyen réalisant ses achats, souhaite que le prix à la fin de l’année baisse ; tâche ô combien difficile dans les temps actuels : persistance de la menace et renforcement des dispositifs Vigipirate.

On voit donc déjà poindre la différence de point de vue entre le responsable sécurité qui souhaite la mise en place d’une sécurité, la plupart du temps maitrisée et argumentée et l’acheteur moins réceptif à l’importance que revêt la sécurité et considérant parfois que la sécurité n’est qu’un coût imposé par la réglementation. C’est peut-être cela qui le poussera dans son cahier des charges à imposer une notion d’obligation de résultat ; et peut-être se laissera t-il tenter par la proposition la moins-disante, parfois à l’encontre de l’avis du responsable sécurité, dans le cas où la direction des achats a le dernier mot.

Alors, il me vient une idée, une réflexion. Puisque la décision de choisir le prestataire revient à la direction des achats, pourquoi ne pas proposer que cette dernière soit responsable en cas de défaillance du prestataire ?

Bien sûr cela doit être cadré, et il n’est pas là question de faire du service des achats un bouc-émissaire. On peut imaginer cette hypothèse dans des cas où le choix de ce prestataire en particulier représentait un risque connu lors de la décision.

Ainsi cela permettrait de responsabiliser d’avantage la direction des achats afin de faire en sorte que la sécurité ne soit plus uniquement un coût pour l’entreprise mais une composante de l’entreprise.

13 février 2016

Dépôt de plainte : pourquoi nous pourrions faire appel à la sécurité privée.

J’ai été victime dimanche dernier d’un bris de glace sur la voiture que je louais. Rien de bien grave. Il ne s’agissait que de la vitre latérale avant gauche de forme triangulaire jouxtant le rétroviseur. Une vitre que j’ai souvent défini comme une vitre qui ne sert à rien la preuve en est que chez certains constructeurs, cette vitre est remplacée par un triangle en plastique…

Même si ce bris de glace n’est pas bien grave, c’est tout de même embêtant. Surtout quand c’est la quatrième fois que cela vous arrive et que la voiture en question est une voiture de location !

Du coup, je téléphone au loueur qui me dit qu’il suffit de déposer plainte et de ramener le véhicule dans une agence afin que celui-ci me soit changé. Super simple, rien de bien compliqué, c’est cool !

Je me rends donc au commissariat du XIVème arrondissement. Il est 17h06 et je me dis qu’un dépôt de plainte pour bris de glace ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Grave erreur !

Vers 19h00, un officier chargé du dépôt de plainte nous apprend, sur un air fort peu agréable, que le service ferme à 20h00 et que dès lors, toutes les personnes présentes dans la salle d’attente ne seront pas reçues. Nous sommes 5 ou 6 personnes à attendre. Il nous propose donc un dépôt de plainte en ligne puis un rendez-vous au commissariat pour confirmer le dépôt de plainte. Prochain rendez-vous disponible : vendredi 12 février !

Je me permets de lui faire remarquer qu’en ce qui me concerne, non pas que je ne veuille pas revenir vendredi 12 février, si je ne dépose pas plainte, je ne peux pas échanger de voiture chez le loueur. Rien à faire, à 20h00, je n’aurai pas déposé plainte et je m’imagine donc devoir rouler avec une clim artisanale

En partant du commissariat, je discute avec le chef de poste lui faisant part de mon étonnement que l’on ne puisse pas déposer plainte après 20h00. Que se passe-t-il si je suis victime de violence dans la rue à 23h00 ? Dois-je attendre le lendemain matin pour déposer plainte ?

Nous engageons la discussion et ce dernier m’explique qu’en raison de l’état d’urgence, les effectifs sont concentrés sur le terrain et donc moins nombreux au commissariat. Lors de nos échanges, des fonctionnaires de police estiment tout de même que mon enregistrement ayant été fait à 17h06 et que plus de 3h00 plus tard je n’ai toujours pas pu déposer plainte est tout de même exagéré.

Au final, après négociations avec le chef de poste, ce dernier acceptera de prendre ma plainte, même si cela ne fait pas parti de ses attributions, puisque lui et ses effectifs sont affectés sur les missions de police secours. Il prendra ma plainte en considération et je sortirai du commissariat aux alentours de 20h45.

Je lui en serai grandement reconnaissant allant jusqu’à écrire au commissaire divisionnaire pour le lui en faire part.

Que nous apprend cette expérience ?

La période que nous vivons, l’état d’urgence, le plan Vigipirate renforcé, l’opération Sentinelle, tout cela n’est pas près de s’arrêter. Bien au contraire. Le Premier ministre le rappelait encore aujourd’hui à l’occasion de la Munich Security Conference (l’équivalent du Davos de la sécurité) : Il y aura d'autres attentats d'ampleur en Europe, c'est une certitude.

Dès lors, il faut que nous soyons capables de nous adapter à vivre avec cette menace, capables d’anticiper ce qui pourrait survenir, capables de proposer des solutions. Cette force de proposition doit être nationale, initiative citoyenne comme initiative de professionnels.

C’est ainsi que l’on pourrait se demander si le dépôt de plainte ne pourrait pas être réalisé par la sécurité privée (comme c’est le cas en Grande-Bretagne). Cela permettrait d’assurer une permanence entre public et privé pour que le dépôt de plainte puisse être réalisé 24h/24 et 7 jours sur 7.

Bien sur cette mission, devrait être réalisée par des agents assermentés ayant suivi une formation bien spécifique, prenant compte de notions d’investigations, de droit… On pourrait imaginer que cette formation soit assurée par un nombre restreint de lieux d’enseignement tels que les universités Paris-Descartes ou Sophia Antipolis qui dispensent de formations reconnues dans le secteur de la sécurité.

A l’heure où l’on parle de complémentarité public/privé, la mise en place d’un tel dispositif ne serait-il pas un excellent exemple de complémentarité entre les forces publiques et les forces privées de sécurité ?

23 novembre 2015

Armement des agents de sécurité : réflexion.

A la suite des attentats qui ont touché Paris et Saint-Denis le 13 novembre dernier, les mesures de sécurité se sont renforcées, tant du côté de la part des forces publiques avec la mise en place de l’état d’urgence, le déploiement de forces de l’ordre et militaires supplémentaires, que du côté des entreprises de sécurité privée avec un renforcement des contrôles d’accès sur les sites clients, la fouille des sacs à l’entrée des grands magasins…

Qu’elles soient publiques ou privées, les forces de sécurité œuvrent dans un but commun, assurer la sécurité des personnes et des biens.

La mise en place de ces mesures supplémentaires s’accompagne, et cela est tout à fait normal, de réflexions (et décisions) quant à notre sécurité au quotidien : on apprenait cette semaine que le législateur avait autorisé le port d’arme pour les policiers en dehors de leurs heures de service à compter du 19 novembre et pour toute la durée de l’état d’urgence. Parallèlement à cela, s’est également posé la question des forces de l’ordre statiques, c’est-à-dire les forces de l’ordre (ou les militaires) en faction devant un bâtiment. Cette mission ne pourrait-elle pas être réalisée par des sociétés privées ? Cela permettrait, comme le disent certains de repositionner des militaires pour des missions où l’on a besoin d’eux !

Cette question, pour être tout à fait franc, bon nombre de personnes du secteur l’ont déjà entendue à de nombreuses reprises depuis les attentats du 7 janvier, date à laquelle a été déclenché le plan Vigipirate alerte attentat et où les militaires se sont positionnés devant les lieux à risques. Et les attentats de Paris n’ont fait qu’amplifier la question.

Alors, voyons si cette mission, aujourd’hui réalisée par les forces de sécurité publiques était réalisée par des forces de sécurité privée ce que cela entraînerait et quelles questions cela soulèverait.

Tout d’abord, et c’est le plus simple d’un point de vue de mise en place, les agents de sécurité auraient accès à la voie publique (le trottoir) et cela nécessite une modification de la législation puisqu’à ce jour, il est interdit pour un agent de sécurité privée effectuant une mission statique de réaliser cette dernière sur la voie publique.

Dès lors que l’agent de sécurité pourra assurer sa mission sur le trottoir, et qu’il effectuera le même type de mission, comportant les mêmes risques que les forces de l’ordre, il est fort à parier que ce dernier demandera à être équipé d’un gilet pare-balles. Equipé de ce gilets pare-balles (certains agents le sont à ce jour…), et donc faisant office d’une potentielle cible, il est également fort à parier qu’il demandera à être armé, afin de pouvoir se défendre. On ne peut pas donner à quelqu’un un moyen de se protéger sans lui donner également un moyen de se défendre…

Allons donc vers cette voie de l’armement des agents de sécurité, que le CNAPS (organisme de régulation de la sécurité privée) appelle agent de sécurité renforcé (ASR). Se posent maintenant bon nombre de questions auxquelles il nous faut bien réfléchir avant la mise en place d’une telle chose.

En voici quelques une :  

  • Que fait l’agent de son arme à l’issue de la vacation ?

Aujourd’hui, les moyens matériels utilisés par les agents de sécurité privée lors de leurs vacation (contrôleur de rondes, moyens radio…) restent sur site. Devront-ils laisser leur arme sur site ? Comment celle-ci sera-t-elle mise en sécurité ?

  • Une question découlant de la précédente : Comment seront stockées les armes au sein des entreprises de sécurité ?

On peut imaginer que seules les entreprises de transport de fonds (et dont les agents sont armés) puissent réaliser ce type de mission, puisque ces entreprises disposent de moyens de sécurité important liés au traitement de valeurs réalisé.

  • Qu’en sera-t-il de la formation des agents ?

Si l’agent doit être armé, alors il devra être capable de se servir de son arme et suivre un entraînement approprié. Cela requiert des formations spécifiques similaires à celles réalisées au sein des entreprises de transport de fonds et dont les agents sont armés.

Qui va payer ?

La question que personne ne veut se poser mais à laquelle tout le monde pense. Si cette question, lorsque la mission est réalisée par les forces publiques, ne se pose pas vraiment puisque l’on sait que c’est l’Etat qui finance, elle se posera bien lorsque la mission sera assurée par des sociétés de sécurité privée. Oui, la sécurité a un coût...

Bref, avant toute mise en place de quoi que ce soit, espérons que ces quelques points soient réellement étudiés par nos dirigeants.

08:00 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sécurité privée, arme, attentat, paris, réglementation, cnaps, loi, régulateur | |  Facebook