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25 mai 2012

Reconnaissance du vote blanc : oui !

Cette semaine a été marquée par le lancement du second round de l’année politique : les élections législatives des 10 & 17 juin prochain. A cette occasion, je souhaite m’arrêter quelques instants sur ce qui, lors de chaque scrutin, fait débat, à savoir le vote blanc. La dernière proposition de loi en faveur de sa reconnaissance date de mai 2010.

Cet arrêt me semble d’autant plus important qu’à l’occasion de l’élection présidentielle du mois passé, le nombre de personnes ayant glissé un bulletin blanc ou nul a été de près de 2 millions, soit près de 6% des votants. Bon nombre de candidats auraient rêvé de ce score le 22 avril !

Blanc n’est pas nul.

Dans l’esprit de nos concitoyens, le vote blanc se confond avec le vote nul. Il faut dire qu’à l’heure actuelle les bulletins blancs et les bulletins nuls sont comptabilisés dans la même rubrique : « blancs et nuls ».

Définissons donc ce qui différencie le vote blanc. du vote nul : le vote blanc consiste pour un électeur à déposer dans l’urne un bulletin blanc dépourvu de tout nom de candidat et de toute annotation, tandis que le vote nul exprime une erreur de manipulation (enveloppe vide ou avec plusieurs bulletins) ou un acte volontaire pour manifester son opposition aux candidats en lice (bulletin raturé ou griffonné).

On a coutume de séparer dans la proclamation des résultats les bulletins blancs et nuls, mais au sens de l’article L66, les bulletins blancs sont considérés comme nuls. Une enveloppe vide est bulletin nul. Le bulletin blanc c’est lorsqu’il y a une feuille blanche sans aucun signe de reconnaissance dans l’enveloppe.

On peut dès lors y voir une première différence, puisque le vote blanc à l’inverse du vote nul - dans le cas d’un bulletin modifié - n’exprime pas un refus ou rejet du candidat.

Voter blanc, c’est possible… électroniquement !

Depuis quelques années, les machines à voter ont fait leur apparition dans les bureaux de vote des communes de plus de 3 500 habitants.

Bien qu’amateur de nouvelles technologies facilitant la vie de tous les jours, je ne suis pas favorable à leur développement. En effet, j’affectionne particulièrement le dépouillement des bulletins. Une enveloppe électorale, c’est un peu comme un œuf Kinder, vous ne savez jamais ce qui s’y cache à l’intérieur : une tirade pour ou contre un candidat, un morceau de papier toilette, un Kleenex…

Cependant, le législateur dans la rédaction de l’article L57-1 du Code électoral énonce que la machine à voter « doit permettre l’enregistrement d’un vote blanc ». Doit-on y voir une inégalité entre les citoyens ? Ceux votant dans les communes ayant recours aux machines à voter pourraient voter blanc. A l’inverse, ceux votant dans une ville utilisant l’urne transparente traditionnelle ne le pourraient pas.

Ce sujet à d’ailleurs fait réagir un sénateur en janvier 2008 soulevant auprès du ministre de l’Intérieur ce qui ressemble être une inégalité. A cela, le ministère a répondu que « contrairement au vote explicitement exprimé en faveur de tel candidat ou de telle liste, le vote blanc revêt plusieurs significations : refus de l’offre électorale (1), stricte neutralité envers les différents choix offerts (2), désintérêt pour le scrutin (3) ou encore manque d’information de l’électeur (4) ».

Si je suis en accord sur le fait que le vote blanc revêt les significations (1) & (2), je ne peux être d’accord avec les significations (3) & (4). Concernant la signification (3), dire que le vote blanc signifie un désintérêt pour le scrutin revient à dire que le vote blanc équivaut à l’abstention ce qui est faux, comme nous avons pu le voir précédemment, puisque l’on différencie bien les personnes ayant voté « blancs et nuls » des abstentionnistes. Quand à la signification (4), cela revient à mon avis à considérer le votant comme quelqu’un ne sachant pas ce qu’il fait, ce qui me semble un peu insultant.

Pourquoi ne pas instaurer une règle selon laquelle, si le taux de vote blanc dépasse un certain pourcentage à définir, l’élection s’en trouverait annulée ? 

Pourquoi je souhaite la reconnaissance du vote blanc.

Certains sont défavorables à la reconnaissance du vote, arguant le fait que dans le cadre de l’élection présidentielle, l’article 7 de la constitution prévoit que le président de la République étant élu à la majorité des suffrages exprimés, la comptabilisation des bulletins blancs comme suffrages exprimés pourrait aboutir à l’élection d’un candidat sans forcément obtenir la majorité absolue et que par voie de fait sa légitimité serait alors remise en question.

A cela je réponds que mettre dans l’urne un bulletin blanc c’est voter. La conscience de chacun est donc respectée et la liberté de chacun ne reçoit pas d’atteinte.

Pour conclure, j’estime que le vote blanc témoigne bien d’un intérêt pour la chose publique puisque le jour du scrutin, l’électeur se déplace pour accomplir son devoir de citoyen. Par cet acte, il participe pleinement à la vie démocratique du pays.

14:08 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vote blanc, politique, élction, abstention | |  Facebook

Commentaires

Il y a eu une proposition de loi sur le vote blanc en 2012 et 4 en 2011, deux à l'Assemblée, deux au sénat. Pour tout savoir sur le vote blanc: www.vote-blanc.org, le site de l'Association pour la reconnaissance du vote blanc.

Écrit par : Inusable | 26 mai 2012

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